Comment l’Iran pourrait construire secrètement 10 bombes atomiques

Theodore A. Postol est professeur émérite de sciences, de technologie et de sécurité internationale au Massachusetts Institute of Technology. Il a travaillé au Argonne National Laboratory, au Pentagone et à l'Université de Stanford.

GeoPolitico
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Le professeur Postol a publié un rapport expliquant comment l’Iran pourrait construire secrètement 10 bombes atomiques.

Le professeur émérite du MIT et spécialiste de la sécurité nucléaire, révèle que l’Iran est toujours en mesure de produire jusqu’à dix bombes atomiques, malgré les frappes militaires coordonnées par les États-Unis et Israël en juin dernier. L’étude, publiée le 16 juillet 2025, démontre que les capacités nucléaires de Téhéran sont plus résilientes, plus dispersées et plus avancées qu’on ne le pensait.

Un stock de matière fissile suffisant

Le cœur du problème réside dans la quantité stratégique de 408 kg d’hexafluorure d’uranium enrichi à 60 %, que l’Iran avait accumulée discrètement depuis 2021. Ce stock, intact malgré les frappes, est suffisant pour produire environ 272 kg d’uranium enrichi à 90 %, soit la quantité nécessaire pour assembler 10 à 13 armes nucléaires basiques. Ces bombes, dites de « faible niveau technologique », n’utiliseraient ni systèmes de compression complexes ni ogives miniaturisées, mais seraient néanmoins parfaitement utilisables dans un cadre militaire.

Une production clandestine et mobile

Selon Postol, la fabrication de ces bombes pourrait se faire de manière entièrement clandestine, dans des installations de la taille d’un studio, alimentées par la puissance électrique d’une simple voiture hybride. Un seul petit ensemble de centrifugeuses — appelées « cascades » — suffirait pour achever l’enrichissement. La conversion en uranium métallique et l’assemblage des ogives pourraient également être réalisés dans des infrastructures compactes, faciles à dissimuler sous terre ou dans des zones civiles. Après ces bombardements israélo-américains, que l’Iran a perçu comme trahison étant donné que les négociations devaient continuer, il n’est plus question d’accepter des inspections de l’Agence internationale de l’énergie atomique.

Des frappes efficaces… mais inutiles ?

L’opération conjointe “Midnight Hammer” (côté américain) et “Rising Lion” (côté israélien), menée en juin 2025, avait pour objectif de détruire les principales installations nucléaires iraniennes (notamment Natanz et Fordow), d’éliminer des scientifiques et de briser les chaînes logistiques. Si les frappes ont bien atteint leurs cibles, elles sont survenues trop tard. L’Iran disposait déjà des matériaux fissiles nécessaires, qu’il a vraisemblablement dispersés avant l’attaque, rendant toute interruption durable de son programme impossible sans invasion au sol.

L’échec d’une dissuasion

Un article d’opinion paru dans Haaretz (8 juillet 2025), signé par un ancien officier du renseignement israélien, admet que l’Iran a gagné la guerre de l’essentiel. Alors qu’Israël a remporté la guerre conventionnelle, l’Iran a remporté la guerre stratégique : celle qui consiste à conserver sa capacité nucléaire et à renforcer sa légitimité.

Sur le plan intérieur, le régime a utilisé la censure et la propagande pour contrôler le récit. Sur le plan international, les appels à la retenue ont renforcé la stature diplomatique de Téhéran, qui se place désormais en acteur incontournable, comparable à Israël dans sa politique de dissuasion ambiguë.

Une nouvelle réalité stratégique

L’étude de Postol conclut que l’Iran n’a plus besoin de franchir officiellement le seuil nucléaire. Il lui suffit que la communauté internationale pense qu’il peut le faire. En gardant ses options ouvertes, Téhéran obtient les avantages stratégiques d’une puissance nucléaire sans en subir les sanctions directes.

Cette nouvelle posture bouleverse les règles de la dissuasion nucléaire : l’ambiguïté devient l’arme la plus puissante. Selon Postol, “ce que l’on voit aujourd’hui, c’est une capacité de production nucléaire décentralisée, invisible, et pratiquement indestructible”.

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