Défaut de paiement de l’Ukraine en juin 2025, Kiev renonce à honorer une dette de 665 millions de dollars.
L’information est passée complètement inaperçue dans les médias mainstream français, malgré les conséquences que pourrait avoir ce genre d’événement, surtout que l’Ukraine est déjà sous perfusion.
L’Ukraine a officiellement fait défaut sur une partie de sa dette souveraine, en refusant de régler un paiement de 665 millions de dollars lié à des obligations indexées sur la croissance (GDP-linked warrants(en)). C’est le premier défaut de paiement ukrainien depuis le début de l’opération militaire spéciale russe en 2022.
La justification ukrainienne
Dans un communiqué publié le 30 mai, le ministère des Finances ukrainien a indiqué que l’État ne verserait pas la somme attendue aux détenteurs de ces titres, qui sont adossés aux performances du PIB national. L’échéance de paiement tombait ce 2 juin, sans qu’un accord ait pu être trouvé pour restructurer cette dette, considérés par Kiev comme « inadaptés au contexte actuel ».
Ce type d’obligations, émis en 2015 à la suite de la précédente restructuration, ne reflètent plus les réalités économiques de l’Ukraine, notamment en temps de guerre », a déclaré un haut responsable du ministère.
Réactions inévitables des agences de notation
La réponse des marchés et des agences de notation a été immédiate. S&P Global a rétrogradé les titres concernés à la note D (default), et Fitch a classé l’Ukraine en Restricted Default pour cette portion de sa dette. Moody’s a maintenu une note Ca, déjà très spéculative, mais a souligné que la situation pourrait détériorer la position financière de l’État en cas de pertes de confiance des investisseurs.
Un défaut non assumé ?
Le gouvernement ukrainien insiste sur le caractère limité et ciblé de ce défaut. Il ne s’agit pas d’une cessation de paiement généralisée : les euro-obligations classiques et les financements multilatéraux (comme ceux du FMI ou de la Banque mondiale) ne sont pas affectés.
Les obligations indexées sur la croissance émises après la crise financière de 2014–2015, prévoyaient des paiements additionnels en cas de forte croissance du PIB ukrainien. Ironie du sort : après deux années de guerre et de contraction économique, le rebond partiel de 2023–2024 déclenche un paiement important, jugé injustifié par les autorités ukrainiennes.
L’Ukraine et le FMI
Ce défaut intervient alors que Kiev négocie un nouvel ajustement de son programme de prêt avec le Fonds Monétaire International (FMI), qui exige justement une restructuration ordonnée et équitable de la dette commerciale. Le non-paiement pourrait compliquer les discussions, même si le gouvernement affirme agir en conformité avec les recommandations du Fonds.
« Nous restons pleinement engagés dans notre programme de réforme soutenu par le FMI. Ce défaut partiel est un levier de négociation, pas un abandon de nos engagements internationaux », a précisé le ministre des Finances Sergii Marchenko.
La crédibilité de l’Ukraine
Les analystes s’accordent à dire que ce défaut n’aura pas d’impact immédiat sur la stabilité financière de l’Ukraine. Mais il pourrait entacher sa crédibilité sur les marchés obligataires privés, notamment en vue d’une reconstruction post-conflit financée par des investisseurs internationaux.