Nucléaire russe, un outil puissant face à l’occident en 2025

GeoPolitico
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Le nucléaire russe, un outil puissant face à l’occident qui restera dépendant de l’industrie nucléaire russe pendant des décennies.

Alors que les européens en sont au 18ᵉ train de sanctions absurdes et contreproductives contre la Russie et les citoyens russes, l’industrie nucléaire civile russe ne souffre d’aucune sanction. À l’ombre des projecteurs, Moscou a bâti une arme d’influence durable et redoutablement efficace, dont l’Europe et une partie du monde peinent encore à se libérer.

Un outil géopolitique puissant largement sous-estimé

En plus du pétrole et du gaz, la Russie détient un autre outil puissant : le cycle du combustible nucléaire. De l’extraction d’uranium à l’enrichissement, jusqu’à la maintenance des centrales, Rosatom – l’agence publique russe – contrôle une chaîne industrielle sur laquelle reposent de nombreux pays. Lisez notre article expliquant comment est structuré Rosatom en 2025 pour une analyse approfondie sur l’organisation de ce géant public russe.

Cette dépendance va bien au-delà des approvisionnements en uranium. Les pays équipés de réacteurs de conception soviétique et russe, en Europe centrale et en Asie, dépendent du savoir-faire russe pour l’entretien, les mises à jour technologiques et la fourniture des barres de combustible. En pleine guerre en Ukraine, cette situation constitue un levier de pression potentiel sur les capitales occidentales.

Une dépendance qui va durer…

Pourquoi l’Europe et les États-Unis n’ont-ils pas sanctionné le nucléaire russe ? Parce qu’ils ne peuvent s’en passer à court terme. En France, certains combustibles sont encore retraités en Russie ; dans plusieurs pays d’Europe de l’Est, la continuité de production dépend de livraisons de Rosatom.

Alors que le gaz russe a été partiellement remplacé par du GNL américain et norvégien, l’uranium et ses dérivés russes continuent d’affluer presque sans entrave. Un paradoxe stratégique qui conforte Moscou dans sa position de fournisseur incontournable.

Rosatom, un outil puissant, diplomatique autant qu’énergétique

Rosatom ne se contente pas de vendre du combustible. L’entreprise finance et construit des centrales dans des pays émergents (Turquie, Égypte, Bangladesh), via des contrats « clé en main » incluant prêt, technologie et exploitation. Ce modèle lie l’acheteur à la Russie pour plusieurs décennies : le pays hôte ne possède souvent ni la technologie ni les équipes nécessaires à l’exploitation indépendante.

Derrière cette stratégie, la Russie poursuit un objectif clair : transformer la technologie nucléaire en outil d’influence globale, tout en sécurisant des revenus et une présence diplomatique dans des zones stratégiques.

Conclusion

Cet article met en lumière une dépendance peu débattue dans le grand public, mais stratégique. Les pays occidentaux se sont concentrés sur le gaz et le pétrole, en oubliant, délibérément ou non, qu’un autre talon d’Achille existe. Le nucléaire russe agit comme un « piège doux » : discret, légal, mais difficile à contourner. Le futur du mix énergétique mondial dépendra en partie de la capacité des démocraties à reprendre la main sur ce secteur.

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